DU THÉÂTRE À LA BANDE DESSINÉE
S’il arrive qu’une pièce de théâtre s’inspire d’une bande dessinée, le contraire est beaucoup plus rare, pratiquement inédit.

Yoko-ni, la bande dessinée, a été achevée en septembre 2017 et éditée aux éditions Hélice Hélas, basées à Vevey et dirigées par Stéphane Bovon.

La génèse

En 2012, la compagnie des Voyages Extraordinaires crée Yoko-ni, pièce de théâtre rendant hommage au nouveau monde des jeux vidéo et des univers virtuels; un spectacle sur les questions qu’ils posent sur notre intimité, sur les excès dont ils sont l’objet, mais aussi sur les idées reçues qu’ils génèrent.
Rapidement, la pièce s’avère être un excellent support pour ouvrir la discussion sur un sujet pour lequel il existe une grande barrière intergénérationnelle et beaucoup de méconnaissances, voire de malentendus.

La troupe joue énormément de scolaires; des débats, voir des programmes de préventions sont organisés autour des représentations (voir ci-joint le travail réalisé par l’Association Rien ne va plus, à Genève en janvier 2013), des parents amènent leurs enfants, des adolescents amènent leurs parents, racontant que c’est la première fois qu’ils peuvent enfin discuter.
En parlant avec différents enseignants et responsables de prévention, l’idée d’en tirer une bande dessinée a commencé à faire son chemin. Il s’agit d’un média s’adressant autant aux enfants qu’aux adultes, et qui pourrait à son tour être un support idéal pour aborder le sujet.

Christian Denisart et Eugène, les auteurs de la pièce, prennent contact avec le dessinateur PET, dont ils admirent le travail, notamment pour le quotidien 24 Heures. Celui-ci adhère avec enthousiasme au projet, et leur collaboration commence, fonctionnant rapidement à merveille.

La trame

Yoko-ni raconte une histoire, celle d’un héros populaire, un combattant hors pair, entouré d’amis fidèles et de femmes aimantes. De l’autre côté de l’écran, Yoko-ni est un video gamer de talent qui, malgré les avertissements de ses amis joueurs, fuit ses problèmes en passant le plus clair de son temps sur un jeu particulièrement addictif, Last Quest.
Comme la pièce, il ne s’agit pas de faire un objet pédagogique. La bande dessinée aborde l’histoire d’un de ces « retranchés », Yoko-ni, à travers sa vie virtuelle et sa quête désespérée pour ne jamais la quitter.

Commençant dans un monde merveilleux où tout est possible, nous comprenons petit à petit que nous ne sommes pas dans un conte, mais sur les écrans qui envahissent la chambre du héros, isolé du monde depuis plusieurs mois. Nous suivrons sa descente, ses tentatives de survivre, gâchées par son incapacité à se supporter. Entouré par d’autres joueurs occasionnels, Yoko-ni perd pied et n’arrive pas à gérer son addiction.

Si elle suit un jeune homme au destin tragique, cette histoire est aussi drôle et enlevée, les personnages changeant sans cesse de physique et de jeu, passant du combat sanglant à une scène de foyer virtuel, avec femme, enfants et soucis de bureau.

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Dossier pédagogique BD